8. Mercredi 19 janvier, 00h30

Bonjour les enfants,

Quelques éléments de réponses à vos nombreuses questions. Ceci devrait répondre en partie au moins à certaines posées par les deux classes.

Les séismes sous-marins viennent du frottement entre 2 plaques tectoniques. Vous pouvez demander à vos professeurs de vous remontrer une des images que je vous avais montré lors de ma venue à l’école. Dans les océans, les plaques océaniques s’écartent au niveau des dorsales, et se rentrent dedans de l’autre côté. A toutes ces limites de plaque, il y a des frottements. Ces frottements sont irréguliers, et sont parfois la cause de mouvements brutaux Qui sont les séismes (ou tremblements de terre). C’est un peu comme lorsque vous essayez de pousser ou de tirer quelque chose de très lourd et que ça ne bouge pas. Si vous poussez ou tirez un peu plus fort, ça va bouger, mais d’un seul coup, et peut-être vous faire tomber. Un séisme fonctionne à peu près comme ça. C’est un séisme sous-marin qui a provoqué le tsunami en Asie du Sud à Noël et dont vous avez beaucoup entendu parlé. Ce mouvement très brutal a déplacé beaucoup d’eau en profondeur et créé une vague. Cette vague va beaucoup plus vite qu’une vague normale, et c’est en arrivant près des côtes qu’elle devient très haute et très dangereuse pour les gens qui vivent là.

Ceci me permet de répondre aussi à Laurine, Aurélia et Sarah, de la classe de CE2, qui demandaient pourquoi les tsunamis arrivent plutôt dans les pays pauvres que dans les pays riches. En fait, Un tsunami peut toucher n’importe qui si on se trouve dans une région ou cela peut arriver. Le Japon en est un bon exemple, et pourtant c’est un pays riche. En fait, ce qui différencie plutôt les pays riches des pays pauvres dans ce cas, ce n’est pas le risque qu’un tsunami arrive sur la côte, mais plutôt la possibilité d’avoir ou non un système de surveillance et d’alerte adapté, comme c’est le cas au Japon, qui permet de prévenir les gens habitant près de la côte très rapidement lorsqu’un tsunami arrive pour qu’ils puissent partir à temps.

Vous me demandez aussi ce que nous ferons si notre travail n’est pas terminé. En fait le plus difficile pour répondre à cette question est de déterminer quand le travail est effectivement terminé, puisqu’au moment où on s’arrête, on ne sait pas ce qu’il y a en dessous. On aimerait continuer jusqu’à ce que ce ne soit plus possible. Si tout va bien, nous aurons de toutes façons foré et récupéré des roches pendant environ 40 jours et nous aurons beaucoup de choses à faire avec ces échantillons, avec certainement beaucoup de choses intéressantes et nouvelles à découvrir. En tous cas, nous devrons rentrer à la date prévue car d’autres scientifiques vont ensuite repartir sur le bateau pour une autre expédition ailleurs dans l’océan , et nos familles nous attendent. Sachez en tous cas que nous sommes entrés à nouveau dans le puits et que nous forons depuis un peu plus de 24 heures. Tout se passe très bien et nous avons déjà progressé de presque 70 mètres supplémentaires. Les roches récupérées sont des gabbros, les mêmes qu’à la fin de l’expédition précédente.

Quelques mots de l’organisation du travail à bord : il y a toujours des gens en train de travailler sur ce bateau; ça ne s’arrête jamais. Pendant que certains travaillent, les autres se reposent, puis on inverse. Sur les bateaux, on appelle ça des quarts. En fait, chacun travaille 12h (on s’arrête tout de même pour prendre les repas!) puis se repose 12h. On peut alors dormir, faire un peu d’exercice sportif, regarder un film, ou encore envoyer un message à sa famille ou à des amis. Par exemple, nous sommes deux chefs de mission. Pour ma part, je travaille entre midi et minuit (en fait plutôt entre 11h du matin et 1 ou 2 h du matin), et l’autre chef de mission (mon collègue japonais Yasuhiko Ohara) travaille entre minuit et midi. Pendant que je vous écrit, il vient de commencer son quart. Ainsi, nous avons la cabine que nous partageons chacun pour soi à tour de rôle. J’irai me coucher tout à l’heure vers 1 ou 2h, lire un peu avant de dormir, puis je me lèverai vers 9h ou 9h30. Après un petit déjeuner et un peu de sport (bicyclette), je retournerai au travail, dans mon bureau ou dans le laboratoire avec mes collègues. A part quelques uns, les autres scientifiques sont souvent dans des cabines de 4 personnes, et sont donc rarement seuls. Nous avons des rideaux autours des lits pour pouvoir nous isoler même si il y a quelqu’un d’autre dans la cabine. Et c’est comme ça pour tous le monde à bord. Il y a toujours quelqu’un dans le laboratoire pour travailler sur les roches, toujours quelqu’un aux cuisines, toujours quelqu’un aux machines, toujours quelqu’un à la passerelle (l’endroit d’où on pilote le bateau), et ainsi dans tous les endroits ou il y a quelque chose à faire. Je vais demander à des collègues s’ils veulent bien vous raconter leur emploi du temps un peu plus en détail.

Quelques photos pour terminer :

1 : La caméra sur son support, installé autour de la tige de forage, prête à descendre vers le fond. 2 : Une image du fond, au moment où nous sommes entrés de nouveau dans le puits. Ce qui ressemble à une cible est en fait un cône métallique, d’environ 3 mètres de diamètre, qui a été installé en haut du puits lors du premier forage, et qui permet d’entrer plus facilement dans le puits. 3 : un morceau de carotte. Cette roche est un gabbro. Comme presque toutes les roches de la terre, elle est composée de plusieurs minéraux. Les minéraux qui constituent ce gabbro s’appellent des plagioclases (en blanc sur la photo), des olivines (noires ou vert foncé), et des pyroxènes (bruns). 4 : la salle de sport du bateau. 5 : une cabine. 6 : le bureau des chefs de mission et du coordinateur scientifique (Jay). Ma place est au fond à droite.

C’est tout pour aujourd’hui!

A bientôt,
Benoit

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